Nous y voila !🐥 Lundi 08 Novembre 2021, je me lance sur ce Chemin de Compostelle Catalan. Je suis encore toute heureuse de mes deux premiers jours à Gérone. Mon sac pèse une dizaine de kilos. Je vais juste devoir m’adapter à l’appareil photo super encombrant autour du cou. Il est évident que mon mental a repris un peu le dessus ! Je vous explique tout ça en détail…

Jour 1 : Girona – Amer 25 km

Je pars de Gérone confiante et inquiète à la fois. En ce qui concerne la météo, cette première étape sera chaude : 20 degrés. 🔥 Le blouson finira sur le sac !

Mon anxiété vient me chatouiller pour la partie extérieure : Est-ce que le balisage sera bon ? Les chemins seront-ils bien aménagés ? Vais-je rencontrer des chiens errants ? Fin voila, le mental turbine un peu…

Et 25 km pour une première étape, j’espère ne pas arriver à Amer sur les rotules.

Après quelques heures de marche, toutes ces peurs disparaissent aussi vite qu’elles sont venues. Tout d’abord, je croise beaucoup de cyclistes et de coureurs. A chaque fois, j’entends un grand « Buenos Días » ou « Buen Día ». Toute cette politesse est très agréable !

Ensuite, la sortie de la ville se fait tout en douceur. Le chemin passe à travers les petits potagers privés et on aperçoit le clocher des villages en train de se réveiller.

Je contemple ces collines boisées, toutes ces couleurs d’automne et les jolis cours d’eau amènent encore plus de chaleur à cette belle journée. J’adore ! 🤩 Je suis comme un poisson dans l’eau ! 🐟

Arrêt à Anglès

Je suis très proche d‘Anglès. Il est temps de faire une pause et je n’ai rien à manger dans mon sac. Petit achat rapide dans un commerce : du pain, du jambon et du jus de fruit ! Niveau nourriture sur le chemin, on revient à l’essentiel. Le midi, il ne faut pas trop se charger pour éviter le coup de barre de digestion. Et surtout, essayer de faire en sorte qu’il reste moins de 10km pour arriver à la fin de l’étape.

30 minutes de pause et on repart le corps encore chaud !

Des bancs et autres tables de pique-nique sont installés, des fontaines d’eau sur les places des villages permettent de recharger la gourde pour la suite.

Un petit moment pollution

Je longe parfois des portions de route fréquentées et ce n’est pas très fun. Ce sont des moments monotones qui ne durent pas très longtemps et me voila arrivée dans le village d’Amer.

Où dormir ?

Pour l’hébergement, j’ai trouvé très rapidement un café-restaurant qui propose des chambres pour 30 euros : « Una Pension ». Ce genre de chambre est très courant en Espagne et j’apprécie beaucoup. C’est l’intermédiaire entre l’auberge et l’hôtel. Vous avez une chambre individuelle toute simple mais propre. J’avais même une petite terrasse perso pour boire un verre tranquillement et appeler mon amoureux ! 😉

Après une bonne douche et l’entretien des pieds qui tirent énormément, je suis sorti flâner dans le village et photographier de nuit. J’encaisse plutôt bien cette première étape. On verra les courbatures demain !

Jour 2 : Amer – Sant Esteve d’en Bas 23 km

Même cadence, on vit cette journée comme la première. A mon réveil, je m’aperçois où plutôt je ne ressens aucune courbatures musculaires. C’est improbable pour une première étape de 25km. Rien ! Ni aux épaules, ni aux cuisses !

Je suis plus qu’opérationnelle pour cette prochaine étape ensoleillée. 🌞😇

Par contre, toutes les douleurs sont localisées dans mes pieds. Un bon massage avec mon huile de plantes magique et je récupère cette voie verte avec une forme olympique.

Départ sur les coups de 9h, je rencontre déjà des marcheurs. Des promeneurs me disent « Buen Camino » ! Je ne suis plus en ville, l’esprit du Chemin de Compostelle se dessine peu à peu. La coquille sur mon sac et le bâton dans mes mains, ça y est je suis d’avantage considérée comme une pélerine.

Waou, des roches sortent de Terre. Le paysage devient un peu plus montagneux avec des nuances orangées, pour le plus grand plaisir de mes yeux et de mon objectif. 😉📸

Je tourne ma tête à gauche, des fois à droite. Je suis dans une réelle vitesse de croisière. Un magnifique spectacle à ciel ouvert. Je n’ai aucun soucis à me faire pour le balisage, c’est toujours tout droit !

Mon imagination s’abandonne dans toutes ces forêts et cette immensité. J’observe une poésie, j’essaye de me connecter à la nature, à la rendre encore plus belle dans mes photos. C’est comme-ci on se parlait !

Sant Feliu de Pallerols

Il est presque midi ! J’ai envie de faire une petite pause dans le village de Sant Feliu de Pallerols. J’aimerai un bon café Americano pour me donner du boost.

C’est un très beau petit village rempli de charme ! Avec ces façades de maison en pierres, de couleurs jaunes, très méditerranéen. J’aime beaucoup ! Un lieu idyllique !✨

Pescalluna

Des légendes sont racontées ici. Comme celle du « pêcheur de Lune », je vous raconte.

Sur l’une des rives, on peut apercevoir la sculpture du « pescalluna ».


Une nuit de pleine lune, un habitant du village vit la lune se refléter dans la rivière Brugent. Ébloui par une telle beauté, il essaya de la pêcher. Un passant le surprit et, d’un ton léger, lui demanda s’il voulait pêcher la lune. Depuis, à Sant Feliu, on appelle « pêcheurs de lune » les personnes qui se nourrissent de rêves et d’illusions.

La mienne d’illusion était que je croyais avoir accompli 20 km et non non, il me restait la moitié à faire.😮

C’est beau de rêvasser lol, il va falloir avancer et j’ai l’impression que le ciel commence à se couvrir !

Quelques gouttes de pluie commencent à tomber. J’arrive dans Sant Esteve d’en Bas avec des pieds en compote.

Sant Esteve d’en Bas

Je trouve l’endroit moins pittoresque que Saint Feliu. Mon objectif principal est de trouver l’auberge pèlerin mentionnée dans le guide que j’avais avec moi.

Une belle erreur que j’aurai pu éviter. L’auberge est fermée en hors saison et aucun numéro à contacter sur la porte d’entrée. Je remarque que c’est la mairie qui gère les appels. A ma grande surprise, les administrations en Catalogne ferment à 14h et il est 15h30. Je vais devoir trouver autre chose.

A 2km, je trouve un hôtel et je reprends la route. Je sens la météo qui se gâte sérieusement. Ils avaient des chambres dispo et effectivement 5 minutes après mon arrivée, le déluge tomba brusquement. ouf !

100 % de pluie pour le lendemain. I’m very happy ! 😑 C’est pas comme-ci j’avais une ascension de 1200 mètres à faire.

Mais bon, on ne peut pas toujours avoir de la chance et c’est Maman-Nature qui décide. Prions ! 🙏

Jour 3 : Sant Esteve d’en Bas – Roda de Ter 28 km

Un réveil bien humide ! Je tire le rideau et la pluie va effectivement bien m’accompagner. Et je ne le savais pas encore mais cette étape sera très originale en tout point. 🤔

Je prends un petit déjeuner de champion. Nous avons que 20km destination le village de l’Esquirol mais ça va grimper en première partie de matinée.

Je démarre avec une petite appréhension. J’ai peur que la brume recouvre tout le panorama, ce qui pourrait m’empêcher de prendre de belles photos.

Il va falloir protéger l’appareil de l’humidité et faire attention si le chemin est glissant. C’est parti mon kiki !

Je croise un homme et son chien. Je lui demande comment est le chemin pour atteindre Falgars d’en Bas. Il me dit que j’ai deux possibilités, une par la route et une autre par la montagne, mais ça risque d’être dangereux avec la météo annoncée.

Là, j’ai eu une pensée fulgurante : « Mais qu’est ce que je me prends la tête ? Putain, j’ai connu pire sur le Chemin du Nord ou le Primitif en 2019. Bouge toi le cul et vas-y ! »

Durant une bonne heure, ça monte bien comme il faut ! Je reste concentrée sur ma marche car le cardio se met en route. Je passe dans un chemin très étroit et escarpé pour rattraper quelque chose de plus apte à la montée. Encore une fois, je remarque que le chemin n’est pas sauvage. Des aménagements sont prévus pour la marche en altitude.

Le paysage se dessine petit à petit. Même avec un temps pourri, le massif montagneux est splendide !

J’ai comme une impression de voler et d’atteindre le ciel. C’est très très beau !🤩

Falgars d’en Bas

C’est bon, je suis en haut ! 😛 Bien essoufflée, je découvre le panorama de l’Escalars. Je vous laisse contempler en photos la vue qui m’est offerte…

Juste canon ! pas de déluge et ce brouillard blanc donne un certain charme au paysage…

Je reprends mes esprits. Après l’église de ce minuscule village, je me dirige vers un autre panorama plus en contre-bas,. Le panorama de Cingles de Falgars.

Mes pieds se mettent juste en face d’un précipice et je m’envole pour de vrai. Je reste sans voix !

Mon corps formait un tout entre le vide et la roche. C’est sur il ne faut pas avoir le vertige. Juste grandiose !

Je pensais que le plus gros était fait. Je n’étais pas au bout de mes surprises.

La partie moins marrante

Et là c’est le drame ! Il se met à pleuvoir comme une vache qui pisse. Il faut que je trouve une solution rapidement pour l’appareil photo. J’essaye de me protéger sous un arbre. J’avais une serviette éponge dans mon sac, je la sors. Je fais un joli paquet dans un sac en toile, qui se retrouve en dessous de mon blouson. Bon ça devrait aller !

Parlons de vache tiens ! Le balisage me fait passer directement dans les prairies de ces dames. Certaines n’ont pas été très accueillantes. Elles me couraient après. Putain ! WTF

On continue la route et la brume tombe sur moi à ne plus y voir grand chose. Et encore une vache en liberté ! Moi qui redoutais les chiens, ce sont les vaches qui m’emmerdent.

Il est plus de 13h. Je ne me suis même pas arrêter pour une pause. C’est impossible pour l’instant ! Le vent, la pluie, c’est une catastrophe. On n’y voit rien à 50m et heureusement que le balisage est bon pour ne pas se perdre. On trouve du positif là où il y en a.

Cantonigròs

J’arrive au bord de Cantonigròs. Au loin, j’aperçois un restaurant. Je rentre complétement trempée, et tout les regards se braquèrent sur moi. Je demande gentiment à la patronne si c’est possible de sécher 5 minutes.

Elle me répond que c’est un restaurant et que le bar n’est pas ouvert. Je me surprends à insister en disant que je ne suis pas là pour traîner au bar, j’ai juste besoin de faire une pause avec un coca. Surtout de me remettre de mes émotions étant donné que je venais de Falgars à pied. Elle s’est radoucie et a eu un peu plus d’empathie. ouf !

Je suis au bout de ma vie et il me reste 5 foutu km pour arriver à l’Esquirol.

Je prends sur moi et je me dis que vers 15h30, 16h, ce calvaire se termine.

l’Esquirol

Les couleurs d’automne reviennent à nouveau. Quand il pleut, on marche très vite, c’est fou. Il est à peine 15h et je suis dans l’Esquirol. Je m’abrite en dessous d’un d’arrêt d’autocar, et je demande s’il y a quelque chose pour dormir ici.

Étrangement, je trouve le village mort. Même si la météo n’est pas bonne, il n’y a rien d’ouvert. J’ai une mauvaise sensation ici. Je me retrouve devant un hébergement où c’est mentionné : « Ouvert Mercredi » et qui est en réalité dépourvu de vie humaine. 🙄

Je croise les voisins, un couple très atypique. L’homme me fait rire. Il a une coupe de cheveux électrisé lol et il se marre parce que je l’appelle « Señor« . Pour ajouter des problèmes, il me reste 5 % de batterie et celle de secours est au fond de mon sac noyé jusqu’au os. Quelle poisse !

Ils m’invitent chez eux pour me reposer un peu. La femme m’explique que la veille, il y a eu une fête dans le village donc par conséquent, tout est fermé ce jour. Okayyy !

Réfléchis ! Réfléchis ! Je pense que le mieux est de continuer plus loin. Je regarde sur le net pour une chambre. A 8km, il y a ce qu’il faut à Roda de Ter. Pendant ma recherche, le mec lâche des flatulences à tout va dans la maison. « C’est pas possible, il faut que je me barre d’ici, je rigolais intérieurement, merci bonsoir. »

Il est 16h, je sors la batterie de secours. Je remets le sac sur le dos et je prie Dieu pour que la pluie cesse ! 🙏

Roda de Ter

Alléluia ! Je vois une belle éclaircie apparaître. En mode survie. je marche comme une machine. J’arrive dans le village vers 18h00, avec la tombée de la nuit. Sur mon chemin, j’ai contacté un numéro pour réserver une chambre en catastrophe et expliqué que j’étais à pied. La dame était super sympa et m’a encouragé pour le chemin.

Je peux vous dire que je me suis jeté en étoile dans mon lit. Cette étape sportive m’a bien « punché »👊 ! Tampon bien mérité!

Jour 4 : Roda de Ter – Vic 8 km

Minuscule étape. Le stress redescend. Étant donné que j’ai pris de l’avance sur cette étape, et surtout vu la journée de dingue que j’ai passé hier, 8 km sera suffisant pour le jour 4.

Ce sera une journée stratégique : Vic est une ville qui me permettra de me reposer, de faire une bonne lessive, de relâcher le stress physique et moral des 3 premiers jours.

La pluie est toujours d’actualité. La météo dit que le lendemain sera meilleur. Raison de plus de la faire courte et de marcher intelligemment sans se presser.

Je regarde la beauté des choses pour passer ce mauvais moment de pluie. Je contemple les décorations florales sculptées sur les façades extérieures.🤩 Je le répète, la nature et les villages de la Catalogne sont très intéressants à découvrir en toute saison.

Une très mauvaise anecdote à vous raconter. A la sortie de Roda de Ter, le balisage disparaît complétement, et je n’ai pas pu le perdre car il existe qu’une seule route pour sortir. Sauf que, des travaux ont été entrepris pour agrandir cette voie à plus de trafic routier. Aucune piste cyclable à emprunter !

La merde pour avancer. Pour éviter le danger, j’ai longé le fossé tout en faisant attention où je mettais les pieds. J’ai croisé quelques bestioles mortes. Voila Voila 🤢

Pas le choix avec les camions qui roulaient à toute allure. Je vous prie de croire ma satisfaction en arrivant dans Vic.

Cœur de ville de Vic

Les bords de la ville sont très commerciales. Nous devons longer quelques zones industrielles pour accéder au cœur historique. La première chose à faire est de passer à l’Office du tourisme, afin d’obtenir un beau tampon et de demander les incontournables à voir ici.

En entrant dans l’office, je rencontre les géants de la ville assez atypiques.

Ils doivent certainement faire peur aux enfants ceux-là !

Plaza Mayor de Vic

Sur le plan historique et artistique, c’est le lieu le plus intéressant à découvrir. Avec ces arcades entourant cette place de sable, nous avons l’impression que des chevaux et cavaliers vont débarquer de nul part.

Des petits restaurants et bars animent l’endroit. C’est un joli lieu de rencontre pour se retrouver et boire un verre. Il ne fait pas froid, les terrasses sont ouvertes ! 😉

Catedral de Sant Pere de Vic

Mes pieds sont reposés mais une ampoule au petit orteil me fait souffrir. Je voulais tout de même me promener un peu et me recueillir dans la Cathédrale.

Savourer un moment de pur silence. Demander protection et force pour la suite du chemin. 😇

J’ai rencontré « mi hermana ». Nous avons eu une très belle discussion sur le Chemin de Compostelle et notre façon de voir l’optimisme de la vie. Un échange très apaisant et en espagnol ! 😉 Elle m’explique aussi que l’intérieur de la Cathédrale a totalement été ravagé par un incendie durant la Guerre Civile Espagnole.

J’ai médité un bon moment. Je me suis donné beaucoup de gratitude ce soir là car j’étais très fière de mon parcours ces 4 dernières années. « Je sais marcher seule ! »

Pour finir

Nous achevons cette première partie de chemin sur de belles notes spirituelles et de fierté. Ces 4 premiers jours ont été riches en émotions. Des petites galères certes ! Cette marche régulière en nature permet de se découvrir, de se faire confiance, de gérer les problèmes dans le calme.

Mon premier chemin en 2019 était thérapeutique. Cette portion Catalane sera la « Consolidation » !

J’espère que vous avez appréciez ces 4 premiers jours d’aventure. N’hésitez pas à partager sur les réseaux sociaux et autour de vous.

« Il n’y a pas de saison pour partir, il faut juste un peu de courage et une forte envie de penser à soi ! » 😉

A très vite pour la suite. 😇

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